Hop! Revenons un peu dans le temps en faisant un crochet du côté des MMO… La sortie de Ryzom durant le mois de septembre 2004 avait été précédée d’une période de beta-tests relativement intensifs. Lors de l’ouverture publique du jeu, c’est donc toute cette communauté de joueurs des premiers temps qui s’est chargé d’accueillir les nouveaux arrivant sur la terre d’Atys. La gestion de la faune et de la flore ainsi que les comportements de masses était particulièrement novateurs pour l’époque. Les bases du MMO étaient déjà en place depuis longtemps et les nombreux points de comparaisons positifs avec ce qui existait déjà et ce que le marché proposait alors ont fait rapidement de Ryzom un succès.
S’il on veut faire un rapide tour d’horizon des MMO, faut remonter jusqu’en 1979 pour retrouver le premier système de « monde-persistant » avec le multi-user dungeon. Mais bien moins loin de nous, en 1996 il y avait eu Meridian 59, le premier MMO en 3D suivi de près par Ultima Online en 1997 qui avait fait ses preuves mais restait enfermé dans une 2D vieillissante. Ce n’est qu’à peine deux ans plus tard que débarque Everquest qui raflera une grosse partie des joueurs et ce, pour un bon moment.
Il faudra attendre 2001 pour voir vraiment du nouveau avec Anarchy Online et son univers cyber-punk, Eve Online par la suite (en 2003) qui apportera une nouvelle approche au MMO avec son thème Space-opera et un système économique incroyable.
Encore un peu plus tard, en 2004, arrive sur le marché européen Ryzom. Jamais auparavant le « lore » n’avait été si profond et le sentiment d’immersion (autant dans la communauté que dans l’ambiance) aussi grand. Le jeu souffrait cependant d’un vide quasiment sidéral au niveau du contenu et ne proposait quasiment aucune quête. Ce seront les joueurs et une équipe de MJ motivés qui en feront un gigantesque bac à sable où l’imagination, le commerce, l’exploration, le crafting avaient la part-belle.
Mais une ombre s’agrandit sur Ryzom… un certain World of Warcraft arrive en Europe et la tentation est grande pour les joueurs les plus impatients et/ou lassés pour le manque de loot et de quêtes . Début 2005, WoW est déployé en Europe et Ryzom perd rapidement du terrain face au bulldozer de Blizzard. Mais… après quelques mois, les premiers véritables retours sur les populations des serveurs de WoW commencent à filtrer. On colle des étiquettes, on vilipende joyeusement, on troll à tours de bras et il n’était pas rare de lire sur les canaux de chat « si t’es pas content, va faire un tour sur wow! »… Et c’est exactement ce qui arriva. La chute de fréquentation, la concurrence féroce et le manque de contenu auront finalement raison de son éditeur (Nevrax) et deux ans plus tard c’est le redressement judiciaire.
Il y aura bien eu une tentative de relance avec Ryzom Ring (ou R²) en 2006, extension offrant la possibilité aux joueurs de créer eux-même leurs propres scénarios et de les partager avec les autres joueurs, mais la sauce ne prendra pas! Quelques coups d’électrochocs et de rachats/revente plus tard, (début 2008) les serveurs fermeront leurs portes en laissant comme message « Aniro DOWN power failure! Insert a new Bolobi and reboot« . Ce sera finalement la société Winch Gate Property Ltd qui rachètera Ryzom en octobre 2008 en proposant à nouveau un abonnement payant mais également un accès gratuit et uniquement limité en termes de niveaux (125max.).
La dernière étape sera en 2010 et verra le jeu passer un nouveau cap en changeant sa licence en modèle libre (AGPL / CC-BY-SA) et en proposant également le client du jeu au format GNU/Linux.

Bon!… c’est bien beau le cours d’histoire là, mais quoi Ryzom? Pourquoi revenir sur un vieux MMORPG maintenant?
Et bien mes cocos, tout simplement parce que ce sont les meilleurs moments de jeux en ligne que j’ai passé (en dehors des lan-party scandaleuses de mes jeunes années). Peut-être était-ce le fait que Ryzom était mon premier MMORPG ou bien parce que la communauté qui peuple les serveurs est encore d’un autre acabit que les Kevins et autre gamins élevés aux sms que l’on trouve habituellement dans bon nombre de MMO. Pour vous donner une idée, j’ai réinstallé le jeu hier soir et après 15 min. passées à retrouver mes marques, je suis resté étonné par la qualité du français des joueurs et par les nombreuses propositions d’aide dans le canal de discussion. Le fait de devoir créer ses propres aventures, de devoir se tourner vers le groupe pour trouver des choses à faire plutôt que d’attendre la becqué en laissant le jeu vous dire ce qu’il faut que vous fassiez. L’imaginaire quoi!
J’ai donc ressorti mon vieux personnage (en fait j’ai recréé mon personnage d’origine) et dépoussiéré ce qui me restait de connaissances du jeu. J’ai retrouvé avec bonheur le système de crafting absolument génial et encore inégalé de nos jours. Évidemment le moteur du jeu à un peu vieilli mais a quand même reçu quelques cures de rajeunissement le rendant tout à fait acceptable face à la concurrence.
Encore maintenant, juste à l’évocation du jeu j’ai les yeux qui brillent et des centaines d’images et de moments inoubliables se bousculent dans ma tête. Si vous n’êtes pas passé par la case Ryzom et que vous cherchez une expérience différente des MMORPG actuels où la course au set d’armure et aux donjons en boucles ne font pas partie du décor. Si vous voulez voir qu’il est possible de faire d’un MMO un petit coin sympa où les concepts principaux sont « échanges » et « imagination », et bien, faites un tour par le site du jeu et téléchargez le client. Même si vous n’accrochez pas, vous aurez au moins touché du doigt une légende.
Allez, j’y retourne (encore).