Colorful カラフル

8 Note générale

Une direction artistique exceptionnelle , une réalisation sensible, un scénario profond, le rythme équilibré, des personnages touchants, des dialogues réfléchis, une réelle réflexion sur la société.

Une réalisation un peu trop classique, un scénario parfois trop prévisible.

À ne pas confondre avec le manga satirique d’Torajirō Kishi, Colorful « Karafuru » カラフル est un film d’animation de 127 minutes réalisé par Keiichi Hara à qui l’on doit « Un été avec Coo ». Colorful est une adaptation du roman sorti en 1998 de l’écrivaine Eto Mori, déjà adapté une première fois au cinéma par Shun Nakahara. Ce film sorti en salle au Japon le 21 août 2010 et le 16 novembre 2011 en France, est maintenant disponible en DVD et Bluray chez Kaze Animation.

La nuance des sentiments.

Suite à une terrible erreur, une âme est condamnée à disparaitre du cycle des réincarnations. Alors qu’elle n’accorde plus aucune importance à l’existence, l’âme reçoit une seconde chance. Elle sera réincarnée dans le corps de Makoto Kobayashi, un jeune japonais de 14 ans qui vient de se suicider. Durant 6 mois, elle devra prouver à « Pura Pura » une sorte d’esprit gardien, qu’elle est a nouveau digne de se réincarné. L’âme détachée et désintéressée découvre petit à petit les raisons et les problèmes qui ont poussé Makoto à mettre fin à ses jours…

Le film se présente comme une fresque réaliste dépeignant la société japonaise contemporaine et ses problèmes récurant tels que l’adultère, les difficultés familiales, l’échec social, le suicide des jeunes, la prostitution des adolescentes, l’intégration, l’école… Pourtant, contre toute attente, l’une des particularités du film c’est son immense objectivité.

Malgré la dureté des sujets traités, le point de vue de l’hôte de Makoto, évolue au fur et à mesure des évènements. Cette transformation est sans aucun doute l’un des points forts du film, mais c’est aussi la qualité d’écriture des dialogues et le réalisme imprégnant chaque situation qui feront que le spectateur s’identifiera aux personnages. Colorful, réussi à transcender les frontières du film d’animation et l’on se surprend à prendre parti, à aimer, à détester, à s’attacher, à pleurer… ou tout simplement à réfléchir sur nous et la société. À la fois simple et profond, le scénario récrit par Miho Maruo reste malgré tout un peu conventionnel et prévisible.

Une palette étincelante

Une anecdote du directeur artistique Takashi Nakamura résume plutôt bien l’esprit plastique du film. Après de nombreux mois de travail, l’équipe de Takashi chargé des décors était plutôt satisfaite de la tâche accomplie. Fièrement, ils décidèrent de présenter les décors d’une des scènes clés au réalisateur Keiichi Hara. Contre toute attente, il leur demanda de recommencer la plupart des décors peu satisfaits de leurs aspects réalistes.

Cette anecdote laisse transparaître l’immensité du travail artistique accompli sur ce film. Les décors d’une rare perfection touchent une subtilité plastique que seuls quelques excellents films d’animation avaient atteins avant lui, au point qu’on s’émerveille presque à chaque plan. Les environnements colorés et vivants vont pourtant bien au-delà de la simple reproduction et se transforment en un véritable univers poétique.

L’équipe en charge de l’animation n’est pas en reste, les personnages sont stylisés avec élégances, mais ne perdent rien de leur impact réaliste. Leurs animations sont fluides et détaillées et leurs expressions évitent les pièges de la caricature.

Une composition minutieuse

Comme l’intégralité du film, la réalisation ne cherche pas la prouesse dans les effets 3d ou les travelings spectaculaires, mais montre à quel point Keiichi Hara est attaché aux détails et au réalisme. Le rythme de l’œuvre est parfaitement équilibré, pondère le scénario et s’accorde subtilement avec la justesse des cadrages. Que ce soit au niveau des codes ou de la façon de filmer, on est ici en face d’un véritable film d’auteur, sensible et touchant, où le scénario et les acteurs comptent tout autant que l’aspect artistique. Les seules choses qu’on pourrait reprocher viennent d’un manque de prise de risque, voire d’un certain classicisme dans la réalisation. Même ci elle est plus que correcte, elle reste très académique et même parfois stéréotypée.

La musique de Kō Ōtani se fait discrète tout en sublimant délicatement les moments forts du film rajoutant ainsi la petite touche finale qui fait de Colorful une œuvre magistrale.

 

La réincarnation en couleur.

Avec Colorful, Keiichi Hara nous prouve qu’il est l’un des nouveaux réalisateurs à suivre. Le studio Sunrise surtout connu pour les séries Gundam et Cowboy Bebop, démontre cette fois son savoir-faire indéniable dans l’animé dramatique. L’œuvre n’est peut-être pas totalement fidèle dans les détails au livre d’ Eto Mori, mais recompose judicieusement cette fresque humaine sans en dénaturer l’essence. On reprochera peut-être au scénario d’être un peu conventionnel et prévisible tout comme à la réalisation d’être trop classique, mais ça serait oublier que Colorful est un film qui allie les sentiments et la critique sociale à la beauté artistique, que c’est une œuvre touchante, sensible et réfléchie.

Un film exceptionnel

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