Cela fait déjà une semaine que monsieur Jean Giraud alias Mœbius nous a quittés, laissant derrière lui l’une des œuvres plastiques les plus magistrales de ces cinquante dernières années. Selon Benoît Mouchart, le directeur du festival d’Angoulême, il devrait rester dans l’histoire au même titre que Dürer ou Ingres.
Je vous épargnerais l’intégralité de sa biographie (consultable ci-joint), pour me concentrer sur un récapitulatif chronologique de son œuvre et ainsi démontrer son énorme influence.
Lieutenant Blueberry
C’est en 1963 que le scénariste belge « Jean-Michel Charlier » engage « Jean Giraud » pour dessiner la saga Blueberry. La série de 28 tomes deviendra rapidement une référence de la B.D. moderne par l’avant-gardisme de la scénarisation et par son personnage principal mature et animal.
Métal Hurlant
En 1975, il crée avec Jean-Pierre Dionnet, Bernard Farkas et Philippe Druillet le magazine Métal hurlant. Un magazine d’illustration underground pour adulte qui a persisté jusqu’en 2006. Bien connu de tous les amateurs de BD, ce magazine est décrit comme « un véritable laboratoire d’où sont sortis de nombreux chefs-d’œuvre et de grands noms de la bande dessinée contemporaine.
Arsach
Jean Giraud y publie Arzach et le Garage hermétique sous le pseudonyme de Mœbius, un pseudonyme inspiré du ruban de Möbius (création du mathématicien allemand August Ferdinand Möbius). Ses deux œuvres majeurs de la bande dessinée de science-fiction sont une véritable révolution pour l’époque. Elles influenceront de nombreux auteurs pour les années à venir. La série Arzach est considérée par beaucoup comme l’une des pierres angulaires de la bande dessiner contemporaine.
Le cinéma
Arzach le fait connaître outre-Atlantique, l’amenant à travailler avec Alejandro Jodorowsky et Dan O’Bannon sur l’adaptation cinématographique de la série de livres de Frank Herbert «Dune». Le projet fut abandonné, tant il prit des proportions pharaoniques. Pour l’anecdote, dans l’une des versions, c’est Salvador Dali qui devait jouer le rôle de l’empereur galactique. Il demanda un cachet tellement exorbitant que les producteurs déjà presque ruiner décidèrent l’arrêt du film. Sa collaboration dans le cinéma ne s’arrêta pas là, en 1977, il participe avec H.R. Giger et Ridley Scott à la conception graphique de «Alien, le huitième passager». On lui doit notamment tout le design intérieur du vaisseau Nostromo où se déroule toute l’action du film. Les années suivantes, il participe à la conception de Tron, Les maitres du temps, Willow, Abyss, Little Nemo, Space Jam, Le cinquième élément et Blade Runner.
L’Incal
Les suites de sa rencontre avec Alejandro Jodorowsky engendreront l’une des collaborations artistiques les plus incroyables de l’histoire de la bande dessinée avec la mythique série L’Incal. Parue de 1981 à 1989, elle compte les aventures futuristes d’un détective privé « Jhon Difool » qui reçoit des mains d’un extra-terrestre l’Incal, un objet au pouvoir extraordinaire convoité par tout l’univers. La série de l’Incal est le premier cycle de ce qui deviendra plus tard l’univers des Métas-Barons. Le succès de la BD est énorme et vaut à Moebius et à Jodorowsky une renommée mondiale.
Le surfer d’argent
En 1988 il part vivre à Los Angeles où chose rarissime pour un Européen, il collabore avec le scénariste de comics Stan Lee. En ressort, un tome du Surfer d’argent qui inspirera le travail d’illustre dessinateur de comics comme Jim Lee (X-men) et Mike Mignola (Hellboy).
Miyazaki- Mœbius
Du 1er mars 2004 au 13 avril 2005, c’est déroulé à l’hôtel de la Monnaie à Paris, L’une des expositions plastiques majeures de ces dix dernières années. Rassemblant les collections de dessin personnel de Hayato Miyazaki et de Jean Giraud.
Au revoir
J. Giraud peut être considéré comme l’un des plus grands génies de la bande dessinée, mais au-delà de ça il fut l’un des artistes majeurs du vingtième siècle. Son œuvre avant-gardiste aura influencé plusieurs générations de plasticiens, de peintres, de vidéaste… Son influence fut gigantesque tant au niveau de la scénarisation, de l’édition ou des possibilités de collaboration internationale. À sa famille, nous ne pouvons que leur souhaiter de surmonter le vide qu’il laisse derrière lui en sachant que son œuvre aura marqué l’histoire.
Au revoir Mr Giraud, merci pour tout !